
© éd. José Conti
Peut-on vraiment se mettre à la place d’autrui, se prendre pour un autre ? Est-ce là le secret de la fiction, son opération particulière ?
En lisant, nous ne cessons de régler le foyer de ce qui permet de nous reconnaître dans l’œuvre à laquelle nous participons, même passivement. Ce réglage conduit à identifier la part subjective qui est mobilisée en nous, part qui est indispensable à la participation littéraire ou esthétique. Mais il faut aussi reconnaître que cette part n’est pas le tout du sujet, qu’elle met même en rapport avec une dimension non-subjective du sujet.
La littérature est ainsi conçue moins comme le triomphe de l’empathie que comme une façon d’en éprouver le domaine, d’en interroger les bornes subjectives et morales, en tentant de savoir jusqu’où je peux me mettre à la place de l’autre.
Si la lecture a le pouvoir de me changer, ce n’est pas parce qu’elle me distrait de moi, c’est parce qu’elle vient me rappeler singulièrement que je ne sais pas toujours qui est celui qui lit en moi.
- Titre : Les limites de l’empathie
- Auteur : Dominique Rabaté
- Éditeur : Corti
- Date de publication : 2025
- Nombre de pages : 272
- ISBN : 2714313469
- Prix : 22 €
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