L’équipe du service de gynécologie obstétrique II et médecine de la reproduction de l’hôpital Cochin AP-HP et d’Université Paris Cité, coordonnée par le Pr Charles Chapron, a étudié les liens entre endométriose et accouchement prématuré en tenant compte du phénotype de la maladie. Les conclusions de ces travaux ont fait l’objet d’une publication le 8 février 2022 dans le JAMA Network.

L’endométriose est une maladie gynécologique fréquente qui touche près de 10 à 15% des femmes. Elle se caractérise par la présence, hors de la cavité utérine, de tissu semblable à celui de la muqueuse de l’utérus, appelé endomètre.
Cette étude a été menée en collaboration avec la maternité de l’hôpital Cochin-Port Royal AP-HP (Pr François Goffinet) et le Centre d’Investigation Clinique Necker Cochin Paris Centre (Pr Pierre Yves Ancel).
L’équipe de recherche a cherché à vérifier s’il existait un lien entre le diagnostic ou la présence d’endométriose et l’accouchement prématuré. Elle a mené une étude prospective dans sept maternités en France entre 2016 et 2018. Au total, 1 351 femmes enceintes ont été incluses dans deux groupes (groupe « endométriose » et groupe « témoin »). Le groupe endométriose (470 femmes) était constitué de femmes enceintes précédemment diagnostiquées comme atteintes d’endométriose, selon trois phénotypes distincts : l’endométriose péritonéale superficielle isolée, l’endométriose ovarienne et l’endométriose profonde. Le groupe témoin (881 femmes), était constitué de femmes enceintes sans symptômes cliniques d’endométriose.
L’équipe de recherche a étudié le taux d’accouchements prématurés dans les deux groupes avant 37 semaines d’aménorrhée, en prenant en compte l’âge de la mère, son indice de masse corporelle, le pays de naissance, la parité, l’antécédent de césarienne, l’antécédent de myomectomie et d’hystéroscopie, et l’antécédent d’accouchement prématuré. La même analyse a été effectuée en fonction des trois phénotypes différents de l’endométriose.
Aucune différence n’a été mise en évidence pour l’accouchement prématuré : 34 accouchements prématurés sur 470 dans le groupe endométriose soit 7,2 % des grossesses observées, et 53 sur 881 dans le groupe témoin soit 6,0 % des grossesses observées. Par ailleurs, aucune différence n’a été trouvée entre les différents phénotypes de l’endométriose ou entre les types d’accouchements prématurés (spontané ou induit).
En conclusion, l’endométriose semble ne pas être associée à un risque d’accouchement prématuré et le phénotype de la maladie ne semble pas interférer avec le résultat. La surveillance d’une grossesse en cas d’endométriose ne justifie pas de modification des protocoles de suivi habituel pour prévenir le risque l’accouchement
Cette étude, financée par un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) en 2014, a mis en collaboration plusieurs services de gynécologie et maternités de l’AP-HP : Cochin – Port-Royal, Bichat – Claude-Bernard, Louis-Mourier, Trousseau, ainsi que l’hôpital Saint Joseph (Paris), l’hôpital Jeanne de Flandre (Lille) et l’hôpital Charles Nicole (Rouen), avec le support du Centre d’investigation clinique Mère Enfant Necker Cochin Paris Centre AP-HP (CIC P1419).
Références
Association Between Endometriosis Phenotype and Preterm Birth in France – JAMA
Louis Marcellin, Francois Goffinet, Elie Azria, Anne Thomin, Charles Garabedian, Jeanne Sibiude, Eric Verspyck, Martin Koskas, Pietro Santulli, Jessica Rousseau, Pierre-Yves Ancel, Charles Chapron.
DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2021.47788
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