Suite à la deuxième éruption de l’année du Piton de la Fournaise, qui a débuté le 2 avril et dont l’activité semble aujourd’hui terminée, Aline Peltier, directrice de l’OVPF de l’institut de physique du globe de Paris revient sur le suivi d’une éruption en temps de confinement.

Le site principal de l’éruption de début avril du Piton de la Fournaise.

L’organisation de l’observatoire pendant le confinement.

Comme pour l’ensemble des observatoires de l’IPGP, un plan de continuité des activités a été rédigé dès le 16 mars afin de clarifier et décrire le mode de fonctionnement de l’observatoire en « mode dégradé » pendant la crise coronavirus COVID-19.
Ainsi l’ensemble du personnel de l’OVPF-IPGP (11 personnels permanents et 5 CDD, chercheurs, ingénieurs et techniciens) télétravaille depuis son domicile.

L’OVPF-IPGP présente l’avantage de disposer d’un large et dense réseau permanent de surveillance avec une centaine de capteurs (sismomètres, capteurs de déformation, capteurs de gaz, webcams) installés sur le volcan dont les données arrivent en temps réel sur les serveurs et l’intranet de l’observatoire. Il est ainsi possible de suivre les moindres soubresauts du volcan à distance, depuis n’importe où. Les agents de l’OVPF-IPGP ont l’habitude de travailler à distance, puisque c’est un mode de fonctionnement déjà adopté pour les week-ends, nuits et jours fériés (le volcan étant surveillé 24h/24, tous les jours de l’année).

Les réunions hebdomadaires sont maintenues et organisées en visioconférence et des groupes de travail se sont mis en place, là aussi en visioconférence. Lors de la gestion de crise du 2 avril nous avons mis en place un système de tchat entre les différents membres de l’observatoire afin de partager et échanger de manière plus efficace et rapide nos interprétations, données etc. Et nous avons organisé le 3 avril une réunion exceptionnelle de crise en visioconférence pour faire le point sur la situation et statuer sur la nécessité absolue ou non de se rendre sur le terrain.

Un suivi des éruptions à distance, sauf motif impérieux

Dès le début de l’éruption (et comme à chaque éruption), l’accès aux sentiers qui mène au sommet du volcan a été fermé par arrêté préfectoral. D’ailleurs, l’ensemble des sentiers entretenus par l’ONF avec le soutien financier du département sont actuellement interdits par arrêté préfectoral. Mais l’OVPF-IPGP dispose de dérogations pour pouvoir mener à bien ses missions sur le terrain si celles-ci s’avèrent urgentes pour le maintien d’une surveillance opérationnelle.

La première mission que nous réalisons au début d’une éruption, et qui est de première importance, est un retour visuel sur la localisation exacte du site de l’éruption et sur les débits éruptifs. Même si nos instruments sur le terrain permettent de nous renseigner sur le secteur concerné par l’éruption, une localisation précise est nécessaire notamment pour la modélisation des écoulements de coulées (réalisées en collaboration avec le LMV, Université Clermont Auvergne), qui nous renseigne sur les trajectoires les plus probables des coulées et permet d’évaluer si des biens ou des stations de surveillance de l’observatoire sont menacés. Cette mission se fait généralement par voie héliportée en association avec la Section Aérienne de Gendarmerie et le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne. Pour cette éruption et compte tenu des dispositions sanitaires en vigueur actuellement, cette reconnaissance s’est faite sans personnel de l’OVPF-IPGP à bord, mais les agents de la SAG et du PGHM ont pu fournir à l’observatoire des premiers retours visuels (photographies et vidéos) et une localisation précise du site éruptif.

De futures missions de terrain ne se feront que :

  1. en cas de panne sur le réseau mettant en péril la qualité de la surveillance du Piton de la Fournaise,
  2. en cas de menace d’ensevelissement d’une station de surveillance par une coulée de lave qui nécessiterait son démantèlement,
  3. en cas d’évolution majeure de l’activité volcanique présentant une menace pour les biens ou les personnes et nécessitant des mesures complémentaires sur le terrain.

Ces interventions seront effectuées, en concertation avec la Préfecture de la Réunion, dans le respect des règles d’hygiène et sécurité.

Pour cette dernière éruption, les débits et la localisation, à l’intérieur de l’Enclos Fouqué (caldera inhabitée) et à haute altitude, n’ont pas présenté de motif impérieux d’intervention sur le terrain. Mais l’ensemble des équipes de l’OVPF et de l’IPGP reste mobilisé pour le suivi de l’activité volcanique à distance (via les données des stations permanentes et les webcams) et les astreintes renforcées (protocoles de vérifications toutes les 2 heures de certains paramètres comme la sismicité, les déformations, l’évolution des débits, se superposant aux alarmes automatiques) sont activées pour chaque éruption.

 

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