L’équipe du service de Médecine Intensive – Réanimation de l’hôpital Bichat – Claude Bernard AP-HP, d’Université Paris Cité et de l’Inserm (IAME, UMR1137), a étudié grâce à une cohorte multicentrique internationale (EURECA the EURopean study on meningoEncephalitis in intensive Care) les déterminants du pronostic des patients adultes atteints de méningo-encéphalite nécessitant des soins intensifs.

La méningo-encéphalite est un syndrome neurologique aigu sévère caractérisé par une inflammation cérébro-méningée, le plus souvent secondaire à une infection virale ou bactérienne du système nerveux central, et plus rarement à des causes auto-immunes ou toxiques.

L’objectif de cette cohorte internationale prospective multicentrique menée entre 2017 et 2020 dans 68 centres répartis sur 7 pays, était de décrire l’épidémiologie et pronostic des patients adultes atteints de méningo-encéphalite nécessitant une admission en soins intensifs et de dégager des axes d’amélioration de la prise en charge2.

589 patients présentant une méningo-encéphalite et admis dans des unités de soins intensifs ont été inclus et suivi à 3 mois. La méningo-encéphalite était définie par une encéphalopathie de début aigu avec troubles de vigilance (score de Glasgow3 (GCS) ≤ 13), une pléocytose du liquide céphalo-rachidien (≥ 5 cellules/mm3), et au moins deux des critères parmi les suivants : fièvre, convulsions, déficit neurologique focal, imagerie cérébrale et/ou électroencéphalogramme compatibles avec le diagnostic d’encéphalite4.

Le critère de jugement principal était le mauvais pronostic fonctionnel à 3 mois, défini par un score de 3 à 6 (handicap modéré à sévère ou décès) sur l’échelle de Rankin modifiée5.

591 étiologies ont été identifiées chez ces patients qui ont été classés en cinq groupes : méningite bactérienne aiguë (41,9 %), encéphalite infectieuse d’origine virale, bactérienne subaiguë ou fongique/parasitaire (23,7 %), encéphalite auto-immune (6,4 %), encéphalite néoplasique/toxique (1,9 %) et encéphalite d’origine inconnue (26,2%).

Au total, 298 patients (50,5%) avaient un mauvais pronostic fonctionnel à 3 mois, dont 152 décès (25,8 %). Les variables indépendamment associées à un mauvais pronostic fonctionnel étaient l’âge avancé, l’immunodépression, la sévérité des troubles neurologiques (réponse motrice anormale sur l’échelle GCS), le délai de prise en charge en soins intensifs et l’existence de complications respiratoires ou cardiaques à l’admission. Les prescriptions de traitements antiviral et antibiotique probabiliste dès l’admission étaient associés à un meilleur pronostic à 3 mois.

Alors que d’autres travaux visant à mieux caractériser le pronostic à long terme chez ces patients sont actuellement en cours, les résultats de cette étude sont essentiels pour une meilleure identification des patients qui peuvent bénéficier de soins intensifs et de réadaptation.

 

 

[1] avec le soutien de l’European Society of Intensive Care Medicine (ESICM) et de la société ICUREsearch
[2] L’étude européenne sur les encéphalites en soins intensifs (EURECA) est une cohorte prospective internationale multicentrique approuvée par la Société européenne de médecine de soins intensifs.
[3] classification pronostique des comas la plus utilisée dans le monde. Elle consiste à tester trois composantes : l’ouverture des yeux (E), la réponse verbale (V) et la réponse motrice (M)
[4] Venkatesan A, Michael BD, Probasco JC et al (2019) Acute encephalitis in immunocompetent adults. Lancet 393:702–716. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(18)32526-1
[5] échelle d’évaluation globale de handicap en six catégories

Références

Clinical features, etiologies, and outcomes in adult patients with meningoencephalitis requiring intensive care (EURECA): an international prospective multicenter cohort study

DOI : https://link.springer.com/article/10.1007/s00134-023-07032-9

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