Une équipe de chercheurs et de médecins du service de chirurgie et cancérologie gynécologique, médecine de la reproduction de l’hôpital Cochin AP-HP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité a analysé le phénotype de l’adénomyose afin de déterminer s’il affecte le profil métabolique sérique des femmes atteintes de cette maladie. Les résultats de ces travaux, coordonnés par le Dr Mathilde Bourdon, le Pr Pietro Santulli, le Dr Gildas Bertho et le Pr Charles Chapron, montrent une corrélation entre les niveaux de métabolites sériques et les symptômes attribués à l’adénomyose.

L’adénomyose est une maladie gynécologique, définie par la présence d’îlots endométriaux dans le myomètre. Elle est souvent qualifiée « d’endométriose interne à l’utérus ». Elle pourrait toucher jusqu’à 30% de la population féminine en âge de procréer. Malgré la forte prévalence de cette maladie, son processus de développement n’a pas encore été complètement élucidé. Des processus distincts pourraient être responsables du développement de l’adénomyose dans le myomètre interne (adénomyose diffuse) par rapport au myomètre externe (adénomyose focale).

La métabolomique semble constituer une méthode novatrice pour accroître les connaissances sur la pathogenèse de l’adénomyose. Elle s’attache à identifier et à quantifier de façon exhaustive – et non sélective – tous les métabolites d’un système biologique en s’appuyant sur des techniques comme la spectrométrie de masse ou la spectrométrie par résonance magnétique nucléaire.

L’objectif de cette étude était de déterminer le profil métabolique sérique de femmes atteintes d’adénomyose, selon le phénotype, par technique de résonance magnétique nucléaire proton spécifique (1H-NMR), par rapport à des femmes non-atteintes d’adénomyose.

La cohorte a inclus 77 femmes ayant reçu une imagerie par résonance magnétique pelvienne pour diagnostiquer l’adénomyose et un prélèvement sanguin. Le profil métabolique basé sur la spectroscopie 1H-NMR a été réalisé.

Les profils métaboliques sériques des patientes atteintes d’adénomyose (n=32) ont indiqué des concentrations plus faibles de 3-hydroxybutyrate, de glutamate et de sérine par rapport aux patientes témoins (n=45). À l’inverse, les concentrations de proline, de choline, de citrate, de 2-hydroxybutyrate et de créatinine étaient plus élevées dans le groupe adénomyose. Les phénotypes d’adénomyose focale du myomètre externe (n = 18) et diffuse du myomètre interne (n=14) présentaient également un profil métabolique spécifique.

Ces travaux ont permis de détecter des changements métaboliques sériques chez les femmes présentant de l’adénomyose par rapport aux patientes non-atteintes d’adénomyose. Un certain nombre de voies métaboliques semblent de plus être engagées spécifiquement selon le phénotype de l’adénomyose. Les métabolites dont les taux étaient modifiés sont particulièrement impliqués dans l’activation immunitaire ainsi que dans la prolifération et la migration cellulaires.

Des études supplémentaires seront nécessaires pour déterminer la portée clinique de ces différences dans les profils métaboliques.

Références

Adenomyosis is associated with specific proton nuclear magnetic resonance (1H-NMR) serum metabolic profiles. Bourdon Mathilde ; Santulli Pietro ; Kateb Fatiha ; Pocate-Cheriet Khaled ; Batteux Frederic ; Maignien Chloé ; Chouzenoux Sandrine ; Bordonne Corinne ; Marcellin Louis ; Bertho, Gildas ; Chapron Charles.

© Mathilde Bourdon

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