Dans le cadre du programme international de chercheurs invités à Université Paris Cité, Nathalie Blanc, géographe, écrivain et directrice du Centre des Politiques de la Terre, accueille depuis janvier Nathan Marom, chercheur en urbanisme et maître de conférences de l’Interdisciplinary Center Herzliya (IDC) à Tel Aviv, Israël.

© Nathalie Blanc et Nathan Marom
En 2022, Université Paris Cité met en lumière les chercheurs invités et leurs hôtes au fil de douze portraits croisés.
Nathalie Blanc et Nathan Marom inaugurent cette série d’entretiens.
Nathalie Blanc et Nathan Marom ne se connaissaient pas avant de commencer leur recherche commune. Lorsque Nathan a contacté Nathalie, à la suite d’une recommandation d’un collègue commun d’Université Paris Cité, elle lui a immédiatement répondu et a organisé une réunion en visioconférence pour partager leurs idées sur leurs recherches respectives. Étant donné leurs intérêts communs, ils ont décidé de poursuivre leurs travaux en collaboration. C’est ainsi que Nathan a répondu à l’invitation et a postulé officiellement au programme de bourses de visite.
Nathalie Blanc et Nathan Marom focaliseront leur collaboration sur la manière dont les questions de justice climatique se localisent dans les villes métropolitaines, telles que Paris et Tel Aviv. La justice climatique fait référence aux impacts inégaux du changement climatique, mais aussi aux responsabilités et vulnérabilités inégales qui y sont liées. Elle est généralement discutée à l’échelle mondiale, par exemple entre les économies riches et intensives en carbone du Nord et les pays en développement du Sud. Cependant, le changement climatique affecte également les communautés, les quartiers et les groupes sociaux au niveau local dans différents territoires. Le point central de leur recherche sera donc l’impact inégal du changement climatique à l’échelle de la ville et de communautés urbaines spécifiques. Ils compareront la manière dont les décideurs et les militants locaux de Paris et de Tel Aviv abordent les différentes questions de justice climatique, que ce soit par le biais de plans urbains ou de mobilisations et d’un « environnementalisme ordinaire ». Il peut s’agir d’un large éventail de préoccupations locales, telles que l’accès inégal à une alimentation saine ou l’exposition différentielle à des phénomènes météorologiques extrêmes.
En s’appuyant sur leurs connaissances respectives et sur les données issues des travaux déjà effectués dans la région parisienne et dans les communautés locales de Tel Aviv. Ils vont mettre en commun les résultats de leur travaux pour poursuivre leurs réflexions sur les questions de justice climatique.
Y a-t-il des différences dans les méthodologies de recherche en France et en Israël ?
Les deux chercheurs développent essentiellement des méthodologies qualitatives qui relèvent d’un grand nombre de techniques en sciences humaines et sociales (questionnaires, entretiens semi-dirigés, observations,…). Pour Nathan Marom, l’important est que les méthodologies reflètent une vision holistique de l’espace et des processus urbains. Il enrichit ses travaux de recherches de différentes perspectives, étant donné ses connaissances interdisciplinaires en architecture, en urbanisme, en sociologie et en écologie politique urbaine. Pour sa part, Nathalie Blanc s’appuie sur des méthodes essentiellement qualitatives qu’elle confronte à des méthodes quantitatives. Elle apprécie particulièrement la complémentarité des approches et les nouvelles perspectives qu’apporte Nathan de part ses connaissances en provenance de disciplines variées en architecture, en développement urbain et en sociologie.
Quelles sont les prochaines étapes de votre collaboration ?
« Nous avons convenu de rédiger une publication ensemble, qui traitera des inégalités en matière de justice climatique. Notre objectif, en tant que chercheurs, n’est pas nécessairement de formuler des recommandations spécifiques à l’intention des décideurs politiques, mais d’essayer de changer la perspective plus largement. En abordant la justice climatique comme un problème local, on commence déjà à changer les mentalités. » explique Nathan Marom.
Nathan prévoit de prolonger son séjour en France étant donné l’ampleur du sujet couvert par le projet. Un premier projet sera rédigé à partir des matériaux et études de cas que chacun apportera au projet. « Nous devons apprendre à nous connaître, c’est un long processus et nous devons nous assurer que des connaissances soient apportées aux réflexions académiques sur ces questions », souligne Nathalie Blanc.
Plus largement, les chercheurs réfléchiront également au développement d’un Campus Anthropocène en Israël dans le cadre d’une ambition plus large.
Auriez-vous une anecdote liée à votre travail que vous pourriez partager avec nous ?
Nathan Marom a participé au Campus Anthropocène, en septembre 2021 bien avant l’invitation officielle, un événement interdisciplinaire de deux jours, au cœur du bassin d’Orgeval. Il était entouré de collègues français issus de multiples disciplines et rassemblés autour de préoccupations environnementales communes. « J’ai été impressionnée par la remarque de Nathan à la fin de l’événement, rappelant qu’il y avait aussi une dynamique métropolitaine dans la région, et qu’il ne fallait pas seulement prendre en compte les problématiques écologiques locales, ce qui était très juste et montrait sa forte adéquation avec les réflexions menées au cours de ces deux journées. » selon Nathalie Blanc.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant qui envisage de poursuivre sa carrière professionnelle dans la recherche ?
Selon Nathan Marom, « Les étudiants devraient rechercher des collaborations et des expériences internationales. Pour moi, à chaque fois que j’ai participé à un échange, j’ai appris énormément de choses ; c’était l’expérience académique la plus formatrice, d’être exposé à des cultures complètement différentes en tant qu’étudiant. Vous revenez avec une nouvelle expérience acquise, vous remettez en question votre propre environnement. Pour un étudiant, c’est l’expérience la plus importante qu’il puisse vivre. »
A propos de
Nathalie Blanc est directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et directrice du Centre des Politiques de la Terre (issu en 2019 d’une collaboration entre l’Université Paris Cité, l’IPGP et Sciences Po). Elle a été directrice de l’UMR CNRS LADYSS de 2014 à 2019 et est basée à Université Paris Cité.
Nathan Marom est maître de conférences à la School of Sustainability, Interdisciplinary Center (IDC) Herzliya, Israël. Ses recherches sur la durabilité et la résilience urbaines s’appuient sur des théories sociales de l’espace urbain et de l’environnement, et se concentrent sur l’écologie politique urbaine des régions métropolitaines. Auparavant, il a été chercheur post-doctoral Marie Curie à l’Institut de développement urbain et régional de l’Université de Californie, à Berkeley, et a obtenu son doctorat au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Tel Aviv.
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