L’hypnose pourrait intervenir dans le traitement de la lutte contre l’obésité. Plus qu’un traitement de l’excès de poids, un programme d’hypnose semble efficace pour réduire l’impulsivité et la désinhibition vis-à-vis de l’alimentation. C’est ce que suggèrent les résultats du programme HYPNODIET conduit par une équipe pluridisciplinaire réunissant les diététiciens Fabienne Delestre, Guillaume Lehericey et médecins Philippe Giral et Boris Hansel, PU-PH à Université Paris Cité, à l’hôpital Bichat, AP-HP, Paris.
L’obésité, une maladie multifactorielle psycho-comportementale
L’obésité touche en France près d’un adulte sur cinq. Les mécanismes précis qui conduisent à la prise involontaire de poids et qui entravent les efforts d’amaigrissement impliquent des phénomènes biologiques, génétiques, environnementaux et psycho-comportementaux comme l’impulsivité alimentaire et la désinhibition qui conduisent à une prise alimentaire excessive souvent sous-estimée voire imperceptible. Si le traitement premier de l’excès de poids consiste à revoir le contenu de son assiette et augmenter son activité physique, ces principes restent insuffisants dans la majorité des cas, en particulier en cas d’obésité installée. Selon le Pr Boris HANSEL, co-responsable de l’étude « l’hypnose est proposée depuis très longtemps par des « hypnothérapeutes » ou des « hypno praticiens » mais on manque de preuve sur l’intérêt réel de cette méthode. Beaucoup d’offres sont en réalité de fausses promesses quand on annonce aux patients qu’ils perdront beaucoup de poids en se désaccoutumant définitivement de leurs envies de manger sucré ou salé ». Néanmoins, poursuit-il, « notre étude montre pour la première fois dans un essai clinique rigoureux, que certains patients sélectionnés sur des critères bien précis bénéficient d’un programme fondé sur l’hypnose Ericksonienne ».
L’hypnose Ericksonienne aide à réduire l’impulsivité alimentaire et la désinhibition
Pour conduire leur essai, les chercheurs ont recruté 82 personnes et les ont répartis en deux groupes par tirage au sort pour bénéficier soit d’un programme d’accompagnement diététique habituel sous forme de 8 séances collectives, soit pour participer, en plus de ce programme à des séances d’hypnose Ericksonienne et d’apprentissage de l’autohypnose. Pour être inclus, les volontaires devaient présenter une forte impulsivité alimentaire, en particulier une désinhibition alimentaire élevée, évaluée en début d’étude à l’aide d’un questionnaire (TFEQ 51). À l’issue des 8 semaines de suivi, il a été remarqué que les patients ayant bénéficié de l’hypnose thérapeutique présentaient une baisse de leur impulsivité alimentaire traduite par la réduction de leur score de désinhibition comparativement aux sujets qui suivaient uniquement le programme diététique. À ce stade de l’étude, la différence de perte pondérale entre les deux groupes est encore faible mais on remarque tout de même une tendance à la baisse chez les patients du groupe hypnose.
Des résultats immédiatement utiles en pratique, des données à confirmer à long terme
« Nos résultats sont très encourageants car ils montrent que l’on peut agir, sur l’impulsivité alimentaire chez des patients qui en souffrent et qui n’arrivent pas à réduire leurs apports alimentaires malgré les conseils diététiques, indique Fabienne DELESTRE, diététicienne, doctorante à l’Université Paris Cité et co-responsable scientifique de l’étude ». Les chercheurs précisent bien que l’objectif de l’étude n’était pas forcément d’obtenir une importante perte de poids, ce que précise Guillaume LEHERICEY, diététicien formé en hypnose médicale et co-responsable scientifique de l’étude « On sait depuis longtemps que pour perdre du poids durablement, il faut associer plusieurs démarches thérapeutiques pour induire de profondes modifications dans le comportement alimentaire inadapté du mangeur atteint d’obésité ». Mais pour l’ensemble de l’équipe, l’hypnose et l’autohypnose devraient être proposés dans le cadre du traitement de certains patients obèses. Des sessions collectives telles que réalisées dans l’étude sont par ailleurs tout à fait organisables et peu onéreuses. L’équipe est déjà en train de concevoir un nouvel essai pour confirmer l’intérêt de l’hypnose à plus long terme.
Hypnodiet est un programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), financé par le Ministère des Solidarités et de la Santé, et promu par l’AP-HP.
Références
Hypnosis reduces food impulsivity in patients with obesity and high levels of disinhibition: HYPNODIET randomized controlled clinical trial
Fabienne Delestre, Guillaume Lehéricey, Candice Estellat, M Hassimiou Diallo, Boris Hansel, Philippe Giral
DOI: 10.1093/ajcn/nqac046
Contacts
presse@u-paris.fr
À lire aussi
Kristel Chanard reçoit la médaille de bronze du CNRS
Kristel Chanard, géophysicienne de l’IGN dans l’équipe de géodésie de l’IPGP, est médaillée de bronze 2024 du CNRS. La médaille de bronze récompense les premiers travaux consacrant des chercheurs et des chercheuses spécialistes de leur domaine. Cette distinction...
Vers une meilleure compréhension des cancers hématologiques associés à la grossesse
Les équipes des départements d’hématologie clinique et biologique, de gynécologie obstétrique, de pharmacovigilance, de réanimation médicale, d’infectiologie, ainsi que de l’unité de recherche clinique de l’hôpital Cochin-Port Royal AP-HP, de l’université Paris Cité,...
Dépression : un dysfonctionnement de certains neurones de l’amygdale serait à l’origine de la perception négative de l’environnement
La dépression se caractérise, entre autres, par une tendance à percevoir de façon excessivement négative les stimuli sensoriels et les situations de la vie quotidienne. Des chercheurs de l’Institut Pasteur et du CNRS, en collaboration avec des psychiatres du GHU Paris...
Ma Thèse en 180s : Prolongation des inscriptions jusqu’au 30 octobre soir
Les inscriptions au concours sont prolongées jusqu’au 30 octobre au soir !