L’équipe du centre d’oncodermatologie de l’hôpital Saint-Louis AP-HP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité, a testé l’efficacité d’un traitement par anti-PD1 chez des patients atteints d’une maladie de Kaposi dans une forme classique ou endémique. Les résultats de cette étude à promotion AP-HP/DRCI, coordonnée par le Dr Julie Delyon et le Pr Celeste Lebbé, ont fait l’objet d’une publication le 10 mars 2022 au sein de la revue The Lancet Oncology.
La maladie de Kaposi est une maladie proliférative chronique rare liée à une infection par l’herpès virus humain 8 (HHV8), apparentée aux sarcomes. La maladie de Kaposi classique survient chez les patients souvent âgés originaires de certaines régions (ex : bassin méditerranéen), alors que la forme endémique se développe essentiellement chez des sujets jeunes originaires d’Afrique subsaharienne.
Les patients atteints d’une maladie de Kaposi classique ou endémique nécessitant un traitement systémique étaient le plus souvent traités par interféron ou chimiothérapie1. Des études ont montré que l’immunothérapie par inhibiteurs de checkpoint était efficace dans le traitement d’autres cancers liés à des virus comme le carcinome à cellules de Merkel, l’expression d’antigènes viraux contribuant à rendre les cellules tumorales très immunogènes2. Quelques cas publiés de patients atteints d’un sarcome de Kaposi et traités par anti-PD-1 avaient suggéré l’intérêt de ce traitement, au prix d’effets secondaires parfois sévères3.
L’équipe a évalué l’efficacité et la tolérance du pembrolizumab (anti-PD-1) chez des patients atteints de maladie de Kaposi dans une forme classique ou endémique.
Cet essai multicentrique a été mené dans trois centres, à l’hôpital Lyon-Sud et dans deux hôpitaux de l’AP-HP : Saint-Louis et Avicenne.
17 patients atteints de la maladie de Kaposi dans une forme classique ou endémique, avec une atteinte au moins cutanée, en progression, évolutive et nécessitant un traitement systémique ont été inclus.
Les patients ont été traités par pembrolizumab à la dose de 200 mg toutes les trois semaines pendant six mois ou jusqu’à la survenue d’un effet secondaire sévère.
L’objectif de l’étude était d’analyser le taux de meilleure réponse objective clinique dans les 6 mois suivant les critères de l’AIDS Clinical Trial Group (ACTG).
Les résultats démontrent l’efficacité du pembrolizumab avec un taux de meilleure réponse objective de 71% (2 patients (12%) en réponse complète et 10 patients (59%) en réponse partielle). La tolérance du traitement a été conforme à celle attendue pour le pembrolizumab.
Ces travaux ont impliqué de nombreuses équipes de l’hôpital Saint-Louis AP-HP : les services de dermatologie, de biostatistique et information médicale, de pathologie, de génomique des tumeurs solides et pharmacologie, mais aussi les laboratoires d’immunologie et d’histocompatibilité et de virologie, ainsi que le service d’immunologie de l’hôpital Robert Debré AP-HP.
Cette étude constitue le premier essai clinique publié démontrant l’efficacité d’un traitement par anti-PD1 chez des patients atteints d’une maladie de Kaposi classique ou endémique.
Une phase d’extension va débuter prochainement pour confirmer ces résultats et tenter de mieux évaluer la durée optimale de traitement. Si ces résultats sont confirmés dans d’autres essais, le traitement par anti-PD1 pourra être proposé aux patients atteints d’une maladie de Kaposi classique ou endémique, dans des situations qui requièrent un traitement systémique.
Cette étude constitue le premier essai clinique publié démontrant l’efficacité d’un traitement par anti-PD1 chez des patients atteints d’une maladie de Kaposi classique ou endémique.
Une phase d’extension va débuter prochainement pour confirmer ces résultats et tenter de mieux évaluer la durée optimale de traitement. Si ces résultats sont confirmés dans d’autres essais, le traitement par anti-PD1 pourra être proposé aux patients atteints d’une maladie de Kaposi classique ou endémique, dans des situations qui requièrent un traitement systémique.
[1] Lebbe C, Garbe C, Stratigos AJ, et al. Diagnosis and treatment of Kaposi’s sarcoma: European consensus-based interdisciplinary guideline (EDF/EADO/EORTC). Eur J Cancer 2019; 114: 117–27.
[2] Nghiem PT, Bhatia S, Lipson
[3] Beldi-Ferchiou A, Lambert M, Dogniaux S, et al. PD-1 mediates functional exhaustion of activated NK cells in patients with Kaposi sarcoma. Oncotarget 2016; 7: 72961–77.
Références
PD-1 blockade with pembrolizumab in classic or endemic Kaposi’s sarcoma: a multicentre, single-arm, phase 2 study
Julie Delyon, Lucie Biard, Marion Renaud, Matthieu Resche-Rigon, Jérôme Le Goff, Stéphane Dalle, Valentine Heidelberger, Laetitia Da Meda, Laurie Toullec, Guislaine Carcelain, Samia Mourah, Sophie Caillat-Zucman, Vincent Allain, Maxime Battistella, Céleste Lebbe, The Lancet Oncology.
DOI : https://doi.org/10.1016/S1470-2045(22)00097-3
À lire aussi
Sciences Po et l’Université Paris Cité organisent une série de trois masterclasses
Dans le cadre du partenariat Université Paris Cité – Sciences Po, un appel à candidatures pour des professeures et professeurs invités a été lancé. C’est dans ce cadre qu’une série de trois masterclasses est organisée ce semestre avec trois professeures invitées...
Les impacts négatifs des aliments ultra-transformés sur la santé
Une série de trois articles consacrés aux conséquences sur la santé de la consommation d’aliments ultra-transformés a été publiée le 19 novembre 2025 dans la revue The Lancet. La cohorte française NutriNet-Santé, pilotée par l’équipe Cress-Eren...
L’informatique quantique et la physique quantique expliquées autrement
2025 est l’année internationale des sciences et technologies quantiques. Dans ce cadre, l’Université Paris Cité revient sur des actions importantes en lien avec le quantique menées en son sein. L’informatique quantique et la physique quantique sont aujourd’hui des...
L’Université Paris Cité accueille ses nouveaux personnels internationaux : un événement au cœur de sa stratégie internationale et scientifique
Le vendredi 14 novembre, l’Université Paris Cité a accueilli près de 50 nouveaux personnels internationaux – ATER, doctorantes, doctorants, post-doctorantes, post-doctorants, chercheuses et chercheurs et enseignants-chercheurs contractuels de nationalité étrangère –...