L’équipe de recherche Médecine Translationnelle et Thérapies Ciblées, dirigée par le Pr Guillaume Canaud à l’Institut Necker-Enfants Malades (Université Paris Cité, AP-HP, Inserm), en collaboration avec l’équipe du service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital Necker-Enfants Malades (Pr Roman Khonsari et Pr Arnaud Picard) et le laboratoire Forme et Croissance du Crâne (Pr Roman Khonsari) a étudié l’affection de la voie PIK3CA chez les patients atteints d’une maladie rare touchant les muscles du visage, la myohyperplasie hémifaciale. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication dans la revue Journal of Experimental Medicine.

Évolution tridimensionnelle des hypertrophies musculaires après introduction de l’alpelisib.
© Pr Guillaume Canaud et Pr Roman Khonsari
La myohyperplasie hémifaciale (HFMH) est une cause rare d’asymétrie impliquant exclusivement les muscles du visage1. Ce trouble est rapporté chez très peu de patients dans la littérature2. Les causes génétiques et les mécanismes de progression de l’HFMH étaient jusqu’ici inconnus. Sa prise en charge est jusqu’ici ponctuée d’erreurs de diagnostic et de stratégies inadéquates, y compris des tentatives agressives de correction chirurgicale3 (chirurgies musculaires de remodelage). Les résultats étaient toujours décevants avec des séquelles importantes.
La découverte récente du rôle joué par la mutation somatique des gènes activant la voie PIK3CA/AKT/mTOR a ouvert de nouvelles perspectives thérapeutiques pour les patients. En particulier, les mutations de gain de fonction4 PIK3CA expliquent la grande majorité des syndromes de prolifération.
Les deux équipes de recherche des professeurs Guillaume Canaud et Roman Khonsari, avec des cliniciens, ont émis l’hypothèse que la voie PIK3CA/AKT/mTOR était anormalement affectée chez les patients atteints d’HFMH.
Cinq patients atteints d’HFMH ont été inclus dans cette étude.
Une mutation gain-de-fonction du gène PIK3CA a été retrouvée dans les muscles de la face chez ces cinq patients. Elle a entraîné une hypertrophie des cellules musculaires striées, un dysfonctionnement des mitochondries et une hypoglycémie avec de faibles taux d’insuline circulante. Pour comprendre la physiopathologie de l’hypertrophie musculaire, l’équipe de recherche du Pr Canaud a créé un modèle murin5 porteur spécifiquement d’une mutation PIK3CA dans les muscles squelettiques. Le traitement par l’alpelisib, un inhibiteur approuvé de PIK3CA, a pu prévenir et réduire l’hypertrophie musculaire chez le modèle murin avec correction des anomalies endocriniennes.
L’équipe du Pr Canaud a obtenu l’autorisation de traiter les cinq patients avec de l’alpelisib et observé une amélioration nette de l’hypertrophie musculaire chez tous les patients, associée à une symétrisation progressive du visage. La réponse au traitement a été évaluée et confirmée à l’aide de méthode d’imagerie innovantes, notamment par photographie 3D et analyse des photographies 2D par intelligence artificielle. Ces approches morphologiques ont été confirmées par des méthodes cellulaires et moléculaires qui ont démontré que l’alpelisib avait une action positive et prolongée sur les effets de la mutation du gène PIK3CA.
Ces résultats permettent d’avoir enfin une explication génétique pour les patients présentant une myohyperplasie hémifaciale, de comprendre les mécanismes de la maladie et d’entrevoir une perspective thérapeutique enfin efficace.
Références
Hemifacial myohyperplasia is due to somatic muscular PIK3CA gain-of-function mutations and responds to pharmacological inhibition – Journal of Experimental Medicine
À lire aussi

Young Leaders 2025 : Aurélie Sannier sélectionnée par la French-American Foundation
Félicitations à Aurélie Sannier, médecin et enseignante-chercheuse à l'Université Paris Cité, pour sa sélection au programme Young Leaders 2025 de la French-American Foundation. Cette distinction salue l’excellence de ses travaux et contribue au rayonnement...
![[Rencontre] Kristel Chanard : décrypter les secrets de la Terre par les mouvements de l’eau](https://u-paris.fr/wp-content/uploads/2025/06/Kristel-portrait1-1080x675.jpg)
[Rencontre] Kristel Chanard : décrypter les secrets de la Terre par les mouvements de l’eau
Kristel Chanard est géophysicienne de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) dans l’équipe de géodésie de l’Institut de Physique du Globe de Paris, établissement-composante de l'Université Paris Cité. Ses travaux de recherche se situent...
![[Rencontre] Angèle Niclas : à l’écoute du monde grâce aux ondes](https://u-paris.fr/wp-content/uploads/2025/06/Angèle-Niclas-21-1080x675.jpg)
[Rencontre] Angèle Niclas : à l’écoute du monde grâce aux ondes
Maîtresse de conférences à l'Université Paris Cité et chercheuse au sein du Laboratoire Mathématiques Appliquées à Paris 5 (MAP5 - Université Paris Cité/CNRS), Angèle Niclas explore la propagation des ondes pour répondre à des enjeux sociétaux, notamment en lien avec...

Les mini-dunes de sable livrent enfin leur secret
Grâce à une collaboration internationale, des physiciennes et physiciens du laboratoire Physique et Mécanique des Milieux Hétérogènes (PMMH - CNRS/ESPCI Paris-PSL/Université Paris Cité/Sorbonne Université) ont percé le mystère des mini-dunes de sable, présentes sur...