Dans un article publié dans la revue Nature Communications, l’équipe dirigée par Agnès Lehuen de l’Institut Cochin (Université Paris Cité / CNRS / Inserm) démontre l’importance du rôle des cellules MAIT (Mucosal Associated Invariant T cells) dans l’inflammation chronique du tissu adipeux et la dysbiose intestinale dans un contexte d’obésité.
Les résultats mettent en lumière les mécanismes immunitaires impliqués dans le développement du diabète de type 2 lors de l’obésité et désignent les cellules MAIT comme nouvelles cibles thérapeutiques potentielles dans l’obésité et le diabète de type 2.

© Amine Toubal/Agnès Lehuen
L’obésité est une pathologie avec une composante inflammatoire dont la prévalence ne cesse d’augmenter dans le monde. Les cellules immunitaires jouent un rôle important dans le développement de cette maladie et notamment dans le tissu adipeux avec la mise en place d’une inflammation chronique. Les cellules MAIT sont des lymphocytes T non-conventionnels, restreints par la molécule non-polymorphe MR1, présentant des métabolites bactériens dérivés de la vitamine B2 ou riboflavine. Ces cellules ont la capacité de produire des cytokines dont l’IL-2, l’IFN-γ, le TNF α , l’IL-17 et le granzyme B. Dans une étude antérieure, l’équipe avait décrit une dérégulation des cellules MAIT dans le sang et le tissu adipeux de sujets obèses et/ou diabétiques, montrant que les cellules MAIT représentaient un biomarqueur du développement du diabète mais sans déterminer si les altérations des cellules MAIT étaient la conséquence ou la cause des dysfonctions métaboliques associées à l’obésité et au diabète de type 2. Cette nouvelle étude à l’aide de modèles murins met en évidence le rôle délétère des cellules MAIT dans l’obésité et le développement du diabète de type 2.
Les auteurs ont observé dans plusieurs modèles murins d’obésité (génétique et nutritionnel) des altérations du phénotype et de la fonction des cellules MAIT dans le tissu adipeux similaires à celles observées chez les patients. Ces altérations ont également été observées au niveau de l’intestin (iléon) mais pas dans d’autres organes. Le rôle des cellules MAIT dans l’obésité a donc été analysé, en étudiant des souris transgéniques possédant un nombre accru de cellules MAIT ou à l’opposé des souris dépourvues en cellules MAIT, toutes les souris étant nourries par un régime riche en graisse. Les souris exprimant un grand nombre de cellules MAIT développent une inflammation dans le tissu adipeux et l’iléon, une insulino-résistance et une altération du métabolisme du glucose et des lipides. A l’inverse, l’absence des cellules MAIT diminue l’inflammation de ces tissus et améliore les paramètres métaboliques. Au niveau de l’intestin les cellules MAIT participent à la dysbiose (déséquilibre du microbiote intestinal) et à la perte de l’intégrité de la barrière intestinale. Ces altérations tissulaires contribuent au dysfonctionnement métabolique.

Figure : Les cellules MAIT induisent une inflammation du tissu adipeux et de l’iléon et une dysbiose induisant le développement d’une insulino-résistance et d’un diabète de type 2 (© Amine Toubal/Agnès Lehuen/Servier Medical Art)
Le mécanisme inflammatoire des cellules MAIT induit la modification des autres cellules immunitaires du tissu adipeux et de l’iléon. Dans l’obésité, les cellules MAIT favorisent la polarisation des macrophages en type M1 (pro-inflammatoires) et cette polarisation résulte d’une interaction directe entre les cellules MAIT et les macrophages. Chez les souris obèses, l’injection de ligand bloquant cette interaction entre les cellules MAIT et les macrophages diminue l’inflammation du tissu adipeux, la dysbiose intestinale et les dysfonctions métaboliques.
Ces résultats suggèrent que les cellules MAIT pourraient représenter une nouvelle cible thérapeutique pour le traitement de l’obésité et du diabète de type 2.
Contact chercheuse :
Agnès Lehuen
chercheuse CNRS
+33176535590
Institut Cochin (Université Paris Cité/Inserm/CNRS)
22 rue Méchain, 75014 Paris
En savoir plus :
Mucosal-Associated Invariant T cells promote inflammation and intestinal dysbiosis leading to metabolic dysfunction during obesity. Toubal A*, Kiaf B*, Beaudoin L, Cagninacci L, Rhimi M, Fruchet B, da Silva J, Corbett A, Simoni Y, Lantz O, Rossjohn J, McCluskey J, Lesnik P, Maguin E, Lehuen A. Nat Commun. July 2020 doi : 10.1038/s41467-020-17307-0
À lire aussi

La Nuit Européenne des Chercheur.e.s 2025 à l’Université Paris Cité
Le vendredi 26 septembre, l’Université Paris Cité vous invite à la 21ème édition de la Nuit Européenne des Chercheur.e.s ! Cette soirée sera l’occasion de célébrer les 10 ans de la première détection des ondes gravitationnelles, aux côtés des scientifiques du...

Un financement ERC pour percer les mystères du second cerveau
Comment un déséquilibre silencieux dans notre intestin peut-il influencer notre santé et conduire à l’apparition de maladies chroniques, parfois graves ? C’est l’une des questions au cœur du projet SAPHYR, porté par Ada Altieri, lauréate de l'appel ERC Starting Grants...

Les vacances des Graduate Schools : retour sur les summer schools
Cet été, les Graduate Schools de l’Université Paris Cité ont donné l’opportunité à leurs étudiantes et étudiants, chercheuses et chercheurs, (post)doctorantes et (post)doctorants de participer à des summer schools. Une belle occasion de renforcer ses compétences,...

Staphylocoque doré, facteur aggravant d’une maladie rare de la peau chez les enfants
Des équipes de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, de l’Inserm, de l’institut Imagine, du CNRS et de l’Université Paris Cité ont montré comment certaines souches de Staphylocoque doré présentes sur la peau d’enfants atteints d’une maladie génétique rare...