S’appuyant sur l’Enquête nationale périnatale de 2021, une équipe de chercheuses associant notamment l’Université Paris Cité révèle qu’un quart des mères en France seraient concernées par des soins irrespectueux en maternité, associés à un risque accru de dépression post-partum. Ces résultats, publiés dans BJOG: An International Journal of Obstetrics & Gynaecology, dévoilent un nouveau levier pour prévenir les troubles psychiques chez les jeunes mères.

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La naissance d’un enfant peut être source de stress, d’anxiété et de changement de l’humeur pour les parents. Près de deux femmes sur dix en France sont touchées par une dépression post-partum dans les semaines qui suivent leur accouchement. Les troubles psychiques associés sont notamment une tristesse profonde et persistante, une perte de la capacité à ressentir le plaisir, un sentiment d’incapacité à créer un lien maternel, de même que des changements d’appétit ou de poids, des perturbations du sommeil, une fatigue intense, ou des difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions. Bien que ces troubles psychiques puissent survenir après une grossesse sans encombre, le risque de leur apparition est renforcé par des conditions de vie compliquées (précarité, solitude, conflits conjugaux, problèmes de santé) ou une grossesse difficile.

L’OMS souligne notamment l’impact de l’expérience lors de l’accouchement dans la survenue d’une dépression post-partum. Malgré cela, les soins irrespectueux en maternité – les actes, les paroles ou les gestes que les femmes peuvent ressentir comme étant maltraitants, inappropriés ou non consentis, qui peuvent les heurter, les faire se sentir infantilisées, humiliées ou non écoutées – restent répandus, même dans les pays à revenu élevé.

Des données inédites sur les soins irrespectueux en maternité

En France, le nombre de femmes concernées par ce phénomène restait obscur. Aucune donnée épidémiologique sur la prévalence des soins irrespectueux en maternité n’existait jusqu’à maintenant. Une équipe de recherche, dirigée par Camille Le Ray, médecin et professeure à l’Université Paris Cité, au sein du Centre de recherche en épidémiologie et statistiques – CRESS (Université Paris Cité/Inserm/INRAE/Université Sorbonne Paris-Nord), en collaboration avec Santé publique France et le Collectif interassociatif autour de la naissance, s’est appuyée sur la dernière enquête nationale périnatale (ENP) datant de 2021 pour faire un état des lieux.

En effet, pour la première fois dans les ENP, celle de 2021 incluait un second questionnaire proposé aux femmes deux mois après leur accouchement, afin de recueillir de nouveaux éléments propres au retour à la maison, et qui abordent de nouvelles thématiques comme celles de la santé mentale et des soins irrespectueux à la maternité.

Découvrez l’intégralité du communiqué sur le site web de l’Inserm

Référence

Disrespectful Maternity Care and Postpartum Depression at 2 Months: A Population-Based Study
Marianne Jacques, Anne Alice Chantry, Sarah Tebeka, Anne Evrard, Alexandra Doncarli, Nathalie Lelong et Camille Le Ray
BJOG: An International Journal of Obstetrics & Gynaecology, 2025 | DOI : 10.1111/1471-0528.70093

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