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Penser et pratiquer le comparatisme après Marcel Detienne

« Antiquité, territoire des écarts »

Association ATE – Université Paris Cité

Programme initié par Claude Calame, Cassandre Martigny, Maxime Pierre, Marie Saint Martin

.Université Paris Cité, Site des Grands Moulins, rue Thomas Mann 75013 Paris

(Métro ligne 14, bibliothèque François Mitterrand)

Salle 682 C (Grands Moulins, 6e étage), de 18h30 à 20h30

Lien : https://labantique.hypotheses.org/

À partir de l’ouvrage dans lequel Marcel Detienne nous suggérait de « comparer l’incomparable », le nouveau séminaire ATE propose des interrogations épistémologiques et critiques sur les approches comparatistes[1]. Le travail de Detienne sur le comparatisme en anthropologie culturelle et sociale et singulièrement en anthropologie historique fonde une méthode à laquelle les études comparatistes reviennent avec régularité. La comparaison est indispensable en particulier aux historiennes et historiens de l’Antiquité gréco-romaine, dans la mesure où ils se trouvent face à des textes et des images dont le contexte ethnographique (pratiques rituelles, religieuses, politiques) manque : la comparaison leur permet de restituer à l’objet poétique ou iconique l’épaisseur d’une pragmatique.

             Vingt-cinq ans plus tard, que sont devenues les propositions de Detienne ? Quelle pertinence et quelles éventuelles limites montrent-elle dans le champ des études de l’Antiquité ? Comment ont-elles été reçues dans le domaine des études littéraires qui intègrent l’Antiquité comme objet ? Et finalement que faire du projet et de la méthode comparatiste aujourd’hui ? L’élaboration d’un « comparatisme différentiel » qui s’attache à distinguer les époques et les lieux, développé notamment par Ute Heidmann en littérature comparée et également défendu par Luciano Canfora pour penser le lien entre « nous et les anciens » en dehors de la recherche d’une prétendue « identité », ou encore d’un comparatisme de l’écart (Florence Dupont), confrontant l’Antiquité gréco-latine à d’autres cultures pour déconstruire les évidences de la pensée européenne, suffit-elle à conjurer dans la pratique l’universalisme que suppose encore trop souvent le geste comparatiste ? Près de dix ans après la parution des actes d’un congrès proclamant « le comparatisme comme approche critique[2] », et notamment du premier volume « Affronter l’Ancien », que sont devenues les pistes ouvertes par ces six volumes représentant un répertoire pour le comparatisme, donnant à lire la variété, mais aussi parfois le bricolage, qui caractérisent les approches comparatistes ? À travers quelles méthodologies les « partages de l’Antiquité[3] » sont-ils pensés aujourd’hui ?

[1] Marcel Detienne, Comparer l’incomparable., Paris, Éditions du Seuil, coll. Points, 2009.

[2] Anne Tomiche (dir.), Le Comparatisme comme approche critique, Paris, Classiques Garnier, 2017.

[3] Véronique Gély, « Partages de l’Antiquité. Les Classiques grecs et latins et la littérature mondiale », Revue de littérature comparée, vol. 344, n° 4, 2012, p. 387–395.

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Calendrier

4 novembre 2025 : Claude Calame (EHESS), « Anthropologie historique de l’Antiquité gréco-romaine : les défis de l’exigence comparative »

Télécharger la version PDF de la Séance 1

Site des Grands Moulins (accès : 10 esplanade P. Vidal-Naquet), bât. C, salle 682 C

La conférence sera diffusée simultanément en visioconférence :

https://u-paris.zoom.us/j/89715815056?pwd=noNHGU3nkz8CVEFvyLl7wbH21JHfJ5.1 Code d’accès : 350567.

La comparaison est au fondement de l’anthropologie culturelle et sociale, que l’enquête comparative soit conduite dans la dimension historique ou de manière synchronique. À travers ses différentes enquêtes comparatives à plusieurs voix, Marcel Detienne nous invite à une démarche comparative conçue comme une pratique de laboratoire. C’est une pratique – conclut-il – faite d’exercices « qui permettent de comprendre ce qu’il y a d’étrange et de très éloigné dans le plus familier ». De là la double exigence d’une part d’une comparaison différentielle faisant apparaître, par contraste, les spécificités, d’autre part d’une comparaison par-delà les distances aussi bien dans l’espace que dans le temps. Sans doute fondée par définition sur des analogies de surface, sur des « airs de famille », la comparaison ne peut être que relative, contrastive et différentielle. Elle s’emploiera à révéler les caractères propres plus que des ressemblances que l’on risque d’interpréter en termes génétiques de filiation ou en termes réifiant d’universaux. Mais la démarche anthropologique et à plus forte raison l’approche comparatiste seraient vaines sans un retour sur le présent auquel est confronté celle et celui qui l’emprunte. Il est donc nécessaire d’envisager autant les sujets protagonistes de l’enquête comparatiste que les concepts instrumentaux auxquels on doit recourir, et les formes discursives de l’anthropologie, aussi historique et aussi comparative soit-elle.

2 décembre 2025 : Ute Heidmann (Université de Lausanne), « Concepts et plans d’analyse pour un comparatisme différentiel, relationnel et non-universalisant »

20 janvier 2026 : Florence Dupont (Université Paris Cité), « Comparer sans essentialiser, en se débarrassant des catégories universelles »

10 février 2026 : Cléo Carastro (EHESS), « Expériences collectives de la dissonance : repenser l’exercice comparatiste après Marcel Detienne, Jean-Louis Durand et Michel Cartry »

10 mars 2026 : Alessandro Buccheri (ANHIMA), intitulé à venir

14 avril 2026 : Tiphaine Karsenti (Université Paris Nanterre), « Penser le théâtre français de la Renaissance depuis l’anthropologie du théâtre grec »

Mai 2026 : Françoise Lavocat (Université Sorbonne Nouvelle), jour et intitulé à venir

Télécharger le programme du séminaire ATE en version PDF

 

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