L’informatique quantique et la physique quantique présentent aujourd’hui un intérêt pour les industriels. Iordanis Kerenidis, directeur de recherche en informatique quantique à l’IRIF ¹, développe des solutions pour stabiliser les marchés financiers. Ivan Favero, directeur de recherche en physique quantique au laboratoire MPQ², conduit quant à lui le projet TUPHO, lauréat d’une ERC proof of concept, qui vise à améliorer la précision des résonateurs photoniques.

© France Universités – Université Paris Cité

Quels sont vos projets actuels en lien avec l’innovation ?

 

Iordanis Kerenidis : Depuis plus d’un an, je développe Quantum Signals, une start-up dont je suis co-fondateur. L’idée est d’utiliser l’informatique quantique et l’intelligence artificielle pour prédire l’évolution des marchés financiers sur quelques heures ou sur une journée. Cette solution permettrait de stabiliser le marché en optimisant les décisions des investisseurs.

Ivan Favero : Je travaille actuellement sur TUPHO, un projet qui vise à améliorer la reproductibilité et la précision de fabrication des résonateurs photoniques pour pouvoir les employer à grande échelle. Ces résonateurs peuvent par exemple convertir l’information quantique lumineuse portée par une fibre optique en information dans le domaine des radiofréquences et vice-versa.

Pouvez-vous décrire le fonctionnement des technologies que vous développez ?

 

IK : Les méthodes que nous développons sont similaires à celles des LLM (Large Language Model). Le programme va traiter une séquence de données qui lui est fournie pour prédire les données qui vont suivre. Cela s’apparente à une prédiction qu’un LLM ferait pour trouver la suite d’une phrase. L’informatique quantique permettra justement d’améliorer le fonctionnement de ces programmes en augmentant le nombre de modèles prédictifs. Cela accroîtra les chances de trouver les modèles les plus fiables pour réaliser les meilleures prédictions.

IF : Nous concevons des techniques qui permettent d’améliorer la fabrication des résonateurs photoniques, qui sont au cœur des nouvelles générations de processeurs optiques. Ces processeurs traitent l’information grâce à la lumière, quand les microprocesseurs usuels utilisent des électrons. Ces résonateurs peuvent être utilisés comme des filtres, des routeurs, ou des espaces de stockage pour l’information au sein des puces photoniques.

Quelles avancées ont été réalisées dans le cadre de votre projet ?

 

IK : Nous sommes en train de développer des modèles prédictifs proches de la réalité grâce à notre partenariat avec la Société Générale. L’objectif actuel est de passer du stade de prototype au stade de produit commercialisable. Les cibles commerciales de la plateforme que nous concevons sont les banques, les traders institutionnels et les investisseurs particuliers.

IF : Dans le cadre du projet TUPHO, nous avons breveté un ensemble de techniques qui permettent d’améliorer mille fois la précision des résonateurs photoniques. Ces inventions sont en phase de transfert technologique, avec un projet de création d’entreprise, et nous tissons des liens avec des partenaires industriels dans le domaine du traitement de l’information, de la santé et du quantique.

1 : Institut de Recherche en Informatique Fondamentale (UPCité/CNRS)

2 : Matériaux et Phénomènes Quantiques (UPCité/CNRS)

Le saviez-vous ?

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