Une étude, réalisée par le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste (Université Paris Cité / AP-HP) et co-investigateur de ComPaRe, Communauté de Patients pour la Recherche de l’AP-HP, a permis l’identification de trois trajectoires d’évolution du Covid long après l’infection initiale. Ces trajectoires ont ainsi été associées aux caractéristiques des patients et leur présentation clinique au début de leur maladie.

Environ 1 personne sur 10 ayant été infectée par le SARS-CoV2 rapporte des symptômes au long cours tels qu’une fatigue persistante, un « brouillard mental », un essoufflement ou une perte d’odorat ou de goût : c’est le Covid long. Environ 90% des personnes atteintes de Covid long rapportent encore des symptômes un an après leur infection initiale.

 

Le Covid long n’est pas une « maladie » unique mais un syndrome complexe résultant de multiples mécanismes souvent intriqués (séquelles de la maladie aigüe ou de son traitement, mécanismes immunologiques, psychologiques, etc.) ce qui explique le tableau clinique complexe et souvent hétérogène des patients.

 

Si en mars 2023, une étude avait montré que la vaccination contre la Covid-19 améliore les symptômes du Covid long chez les patients ayant déjà un Covid long, très peu d’études avaient exploré la diversité des présentations cliniques des patients souffrant de Covid long.

 

Dans une nouvelle étude, réalisée par le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste et co-investigateur de ComPaRe (Université Paris Cité / AP-HP), les chercheurs ont utilisé les données de 2 197 patients participant à la cohorte ComPaRe Covid long (représentant un suivi de 19 729 patients par an) pour identifier des groupes de patients avec des trajectoires homogènes d’évolution de la maladie.

 

Trois trajectoires ont été identifiées :

  • Environ 4% des patients avaient une amélioration rapide de leurs symptômes au cours du temps (avec rémission complète des symptômes dans les 2 ans après leur apparition). Comparé aux autres patients, ces patients étaient plus jeunes (OR 1.04, intervalle de confiance à 95%: 1.03–1.06, par an) et n’avaient pas d’antécédents de maladie fonctionnelle (fatigue chronique, fibromyalgie, etc.). Ces patients présentaient plus fréquemment des douleurs cervicales, dorsales et lombaires et des symptômes digestifs lors de leur maladie aigüe.
  • Environ 5% des patients avaient des symptômes importants et persistants au cours du temps. Ces patients étaient généralement plus âgés, fumeurs et avaient un antécédent de maladie auto-immune. Ces patients présentaient plus fréquemment des symptômes à type de tachycardie, bradycardie, palpitations, arythmies, bouffées de chaleur, sueurs et intolérance au froid et au chaud, lors de leur maladie aigüe.
  • Enfin, les 91% patients restants avaient une amélioration lente de leurs symptômes au cours du temps (avec une réduction moyenne d’environ 25% du nombre de symptômes rapportés dans les 2 ans après leur apparition).

 

Cette étude est la première à décrire l’histoire naturelle du Covid long, en tenant compte de l’hétérogénéité des patients et de leurs présentations cliniques. Ces résultats sont importants pour comprendre les mécanismes sous-jacents du Covid long, en faisant l’hypothèse que différents mécanismes à l’origine des symptômes vont donner lieu à des évolutions différentes de la maladie. Ils permettront une meilleure prise en charge des patients, en permettant, d’une part, de mieux informer les patients souffrant de Covid long de leur évolution, et d’autre part de mieux estimer les besoins du système de santé pour répondre au défi du Covid long.

 

Créée en 2017 par l’AP-HP, ComPaRe, la Communauté de Patients pour la Recherche rassemble aujourd’hui plus de 50 000 patients volontaires partout en France. Ils contribuent à faire avancer la recherche sur leur(s) maladie(s) chronique(s) en répondant régulièrement aux questionnaires en ligne des chercheurs, sur la plateforme sécurisée https://compare.aphp.fr. Les patients participent à la cohorte générale et/ou à l’une des quatorze cohortes dédiées au diabète, à la maladie de Verneuil, au vitiligo, à la lombalgie chronique, aux maladies rénales, aux vascularites, à l’hypertension artérielle, à l’endométriose, aux neurofibromatoses ou au syndrome de Marfan. À l’occasion de cette publication, ComPaRe remercie tous les participants ayant contribué à ces résultats et relance son appel à la participation. En s’inscrivant sur ComPaRe (https://compare.aphp.fr/covid-long/), les patients contribueront à faire avancer la recherche médicale publique sur leur maladie.

Références : 

International Journal of Infectious Diseases

DOI : 10.1016/j.ijid.2023.05.007

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