Martyna Zielinska, doctorante à l’unité de recherche interdisciplinaire LARCA de l’université Paris Cité et Dr Emily Brady, Broadbent Junior Research Fellow au Rothermere American Institute de l’Université d’Oxford, ont collaboré dans le cadre du partenariat Paris-Oxford (POP). En octobre 2023, elles ont co-organisé une conférence internationale intitulée « Love and Lenses: Photographic Couples, Gender Relationships, and Transatlantic Networks in the Long Nineteenth Century” Découvrez leur projet dans cet interview.

Emily Brady et Martyna Zielinska

(gauche à droite)

Image © Sam Staniforth (Emily Brady à gauche)

Pourquoi avoir répondu à l’appel à projets de recherche Paris-Oxford ?

MZ : J’ai obtenu un contrat doctoral international entre LARCA, la Maison Française d’Oxford et le CNRS pour effectuer une thèse à la croisée de l’histoire de la photographie et d’histoire des femmes et du genre. Mon sujet porte sur la diffusion des idées féministes du XIXème siècle dans les institutions photographiques (clubs, presse, expositions) à travers le parcours transatlantique d’un couple anglo-américain, Catharine W. Barnes Ward (1851-1913) et Henry Snowden Ward (1865-1911).  J’ai souhaité profiter du partenariat POP pour approfondir les questions suscitées par le travail d’archives durant ma thèse avec des collègues travaillant sur les thématiques similaires mais appartenant aux réseaux académiques internationaux.

Le partenariat POP s’imposait comme un choix naturel car il encourage les doctorants à développer des projets transnationaux. Emily était l’une des rares universitaires d’Oxford qui travaillait à la fois sur l’histoire américaine et sur les femmes photographes. Comme nous ne sommes pas au même stade de notre parcours académique et que nous ne travaillons pas sur les mêmes périodes, Emily a apporté non seulement son expérience d’une jeune chercheuse plus expérimentée mais aussi une nouvelle perspective à mes recherches.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre collaboration ?

EB : Mes recherches portent sur les femmes photographes dans les mouvements activistes. Je travaille actuellement sur ma monographie, qui porte sur les femmes photographes noires et plus particulièrement sur le XXe siècle. J’ai déjà travaillé sur l’esclavage moderne et la traite des êtres humains, et je connaissais donc un peu le XIXe siècle. J’étais relativement nouvelle à Oxford lorsque Martyna m’a contactée. J’ai reçu un e-mail de sa part en décembre 2022 me proposant de nous associer. Comme nous ne nous connaissions pas, nous avons toutes les deux dû faire un pas de géant au moment de soumettre notre candidature. D’une certaine manière, c’est devenu une véritable chance de collaboration.  Une fois la confirmation du financement approuvée, le projet a démarré. Nous avons pu l’affiner et l’orienter. La conférence a eu lieu en octobre 2023.

MZ : Au moment du dépôt de la candidature j’étais associée à la Maison Française d’Oxford, nous avons donc d’abord interagi virtuellement, puis nous nous sommes rencontrés en personne à Oxford, ce qui nous a permis de mettre en place toute la logistique de la conférence ainsi que celle de l’exposition qui accompagnait l’évènement.

Pourquoi avez-vous organisé la conférence ?

EB : La conférence était vraiment la vision de Martyna, c’est elle qui a eu le déclic de l’idée. J’ai été en mesure de l’aider, d’affiner et de façonner sa vision. La répartition des tâches a été équitable. 

MZ : Je voulais réunir des doctorants et des chercheurs des deux côtés de la Manche autour d’une nouvelle approche de l’histoire de la photographie au XIXe siècle.  Depuis l’invention de la photographie, des hommes et des femmes, des époux, des amis, des membres d’une même famille apprenaient et pratiquaient la photographie ensemble pour le travail, pour le plaisir, ou à des fins éducatives et scientifiques. Prendre ces collaborations comme objet d’étude permet de proposer une écriture de l’histoire de la photographie plus équilibrée, plus inclusive pour les femmes.  Ce prisme permet également de réfléchir sur les conventions de genre à l’époque victorienne et édouardienne.

Comment la bourse a-t-elle contribué à faire progresser la recherche ?

EB : Grâce au financement que nous avons obtenu, nous avons pu soutenir des personnes venant non seulement de Paris et d’Oxford, mais aussi du monde entier. Nous voulions vraiment toucher des personnes de différentes régions géographiques, notamment l’Inde, le Canada et les États-Unis, ainsi que des personnes à différents stades de leur carrière. Les participants se sont montrés généreux dans leurs questions, dans leur engagement vis-à-vis des appels à contributions et dans leur réelle curiosité intellectuelle.

MZ : Sur le plan académique, la conférence a permis de montrer à travers différentes études de cas comment la pratique de la photographie pouvait avoir un impact concret sur les relations entre les hommes et les femmes et redéfinir certaines conventions sociales du XIXe siècle. Le financement POP a permis de consolider les liens institutionnels que j’ai pu élaborer dans le cadre de mon contrat doctoral entre le CNRS, la Maison Française d’Oxfford et le LARCA. Le projet a contribué à faire connaître les activités de recherche du LARCA/université  Paris Cité), notamment en histoire de la photographie ainsi qu’en histoire des femmes et du genre dans le réseau académique oxonien. C’était aussi la première fois que la Maison Française d’Oxford et le Rothermere American Institute collaboraient ensemble. Nous avons également organisé une exposition qui a été présentée pendant quatre mois à la Maison Française d’Oxford (Octobre 2023 – Janvier 2024), qui mettait en lumière nos recherches personnelles et a permis de les diffuser auprès d’un public plus large.

Votre expérience en quelques mots ?

EB : Une expérience enrichissante. L’organisation de l’événement avec Martyna m’a permis de faire preuve de plus d’imagination et d’optimisme. Ce type de collaboration vaut la peine de prendre des risques. Cela a façonné ma recherche, la compréhension de mon propre sujet et m’a permis de mieux m’intégrer dans la communauté d’Oxford. J’encourage les gens à franchir le pas.

MZ : Emily a été généreuse avec ses connaissances et très professionnelle tout au long du processus. Pour les jeunes chercheuses comme moi, ce genre d’expérience permet de gagner en confiance. 

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